« La photographie, elle aussi, ligote les gens et les met dans une boîte… La photo prend sa source dans le kinbaku, dans l’acte de ficeler des choses et des événements »
- Nobuyoshi Araki
Araki a multiplié au cours de sa carrière les photographies de femmes ligotées, ce jeu de sexe et de cordes étant même devenu souvent sa signature stylistique. Au Japon, le kinbaku, ligotage érotique, a sa source dans le hojôjutsu, un art martial ancestral dont on se servait pour attacher les mains des prisonniers par des liages très savants. Araki détourne ces traditions pour en faire un jeu artistique. Pas de trace de souffrance sur les visages des femmes ligotées d’Araki, et pas plus d’extase. Metteur en scène, Araki crée par le ligotage une suspension du geste, sorte d’arrêt sur image avant même l’acte de photographier, un peu à la manière du théâtre Kabuki, longs arrêts dans le mouvement d’un geste pour en souligner l’intensité et la beauté (miiye).
Araki pratique la photographie comme on respire, sans interruption. Il prend des clichés partout, tout le temps. « C’est certain que je ne peux pas vivre sans un appareil photo […]. C’est une façon de vivre. Prendre des photos est aussi naturel pour moi que la respiration. Le son du déclencheur est comme le battement du cœur. Je ne pense pas du tout en termes de productivité. Je fais juste des photos en soi. » Dans la rue, chez lui, avec ses amis, à table, de jour, de nuit, Araki cherche en permanence ce « moment juste », l’essence de la photographie, le « kaïros du désir » suivant le terme de Roland Barthes. Depuis plus de cinquante ans, Araki enregistre ainsi son existence, faisant de la photographie une sorte de miroir de sa vie.
Le travail d’Andreas Gursky donne le vertige. Tout dans ses photographies donne une impression de gigantisme, de masse, de monumentalité.
“Je ne m’intéresse jamais à l’individu, mais à l’espèce humaine et à son environnement.” – Andreas GurskyDans son prochain numéro de décembre, PHOTO consacrera un article illustré d’une oeuvre de l’artiste Incognito Malaparte, « Woman On Top », une véritable consécration pour Galerie Incognito, qui entre dans l’histoire du magazine.